Les aménagements agroécologiques désignent des habitats semi-naturels intégrés aux systèmes agricoles. Ces zones, exemptes d’intrants tels que les engrais et les pesticides, valorisent au mieux les surfaces disponibles en exploitant de manière optimale les ressources naturelles disponibles et assurent une multitude de services appelés services écosystémiques. (de la Motte et al., 2023)
Les aménagements agroécologiques englobent les haies, les arbres, les alignements d’arbres, les bosquets, les arbustes, les fosses, les mares, les prairies (naturelles et de haute valeur biologique), les tournières enherbées, les parcelles ou bandes aménagées, les bandes en bord de champ, les parcelles comprenant des céréales laissées sur pied, les zones de jachère (y compris la jachère mellifère), et les zones Natura 2000. (de la Motte et al., 2023)
Les services écosystémiques représentent les contributions directes et indirectes des écosystèmes au bien-être de l’humanité. Ils revêtent une importance cruciale en mettant en lumière la diversité de bénéfices offerts par les écosystèmes, tels que la production alimentaire, la fourniture de fibres, d’énergie, de matériaux et d’eau potable. Ces services vont au-delà des aspects matériels en contribuant à la réduction des risques d’inondation, à la régulation climatique, à la dépollution, à la création d’un environnement sain et agréable, ainsi qu’à la promotion d’activités de loisir et de découverte du patrimoine naturel. (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
L’importance des services écosystémiques (voir encadré) se manifeste à travers la diversité des services qu’un écosystème peut fournir (UICN, 2013). Alors que la valeur de certains de ces services peut être aisément estimée, en particulier lorsqu’ils sont liés à un marché (fourniture d’aliments, d’énergie, produits médicinaux, etc.), d’autres services ne peuvent être directement associés à une utilisation spécifique (maintien de la biodiversité, conservation du territoire, etc.). Pour répondre aux défis actuels, évaluer la valeur des écosystèmes en intégrant les 3 piliers de la durabilité est souhaitable pour sensibiliser la société à l’importance de leur maintien. (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
Les services écosystémiques se répartissent en quatre grands types : approvisionnement, régulation, culturels et de support. Les aménagements agroécologiques donnent des éléments de réponses pour chacun de ces 4 types. (Mouchet et al., 2023), (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
Tout d’abord, les services d’approvisionnement qui incluent la fourniture de ressources essentielles pour la vie quotidienne. Ces services prennent par exemple en compte l’apport de nourriture et de matériaux tels que le bois de chauffage, soutenant ainsi nos besoins en ressources naturelles. (Mouchet et al., 2023), (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
Ensuite, les services de régulation opèrent pour maintenir l’équilibre des écosystèmes. Parmi eux, la pollinisation garantit la reproduction des plantes, tandis que la filtration naturelle de l’eau par les écosystèmes aquatiques contribue à la préservation et la qualité de notre approvisionnement en eau douce. (Mouchet et al., 2023), (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
Les services culturels comprennent la connexion entre les écosystèmes et les sociétés humaines, comme par exemple, des paysages naturels, préservés grâce à la biodiversité. De plus, les opportunités d’agrotourisme offrent à la communauté la possibilité de s’immerger dans des environnements naturels, éducatifs et inspirants. (Mouchet et al., 2023), (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
Enfin, les services de support constituent la base sur laquelle repose l’ensemble des autres services écosystémiques en jouant un rôle crucial dans leur réalisation, même s’ils ne procurent pas directement de bénéfices tangibles. Par exemple, la photosynthèse réalisée par les plantes génère de l’oxygène ou encore le recyclage des nutriments assuré par les organismes détritivores (FAO,s.d.)
Les aménagements agroécologiques sont garants de la fourniture d’une multitude de services écosystémiques. Quelques exemples, non exhaustifs, sont repris ci-dessous :
Les aménagements agroécologiques sont indispensables pour la préservation de la biodiversité, assurant le maintien des fonctions essentielles des écosystèmes (pollinisation, régulation biologique…). Par exemple, les haies ou les parcelles laissées sur pied attirent une diversité d’espèces telles que les insectes pollinisateurs (abeilles, papillons), les oiseaux (mésanges, fauvettes) et les insectes prédateurs (coccinelles, araignées). Les insectes pollinisateurs favorisent la pollinisation des cultures, tandis que les prédateurs régulent les populations de bioagresseurs. En plus de fournir un habitat propice au développement des espèces auxiliaires, ces infrastructures garantissent également le maintien d’une diversité d’habitats essentiels, permettant une alimentation adaptée aux besoins spécifiques de ces espèces. L’intégration des aménagements agroécologiques permettent d’introduire de la notion de maillage écologique qui comprend les éléments naturels nécessaire à la création d’un réseau favorisant la connectivité des milieux avec la création des corridors naturels qui renforcent significativement la préservation des écosystèmes en facilitant le déplacement des espèces et contribuant ainsi à une plus grande diversité. (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.), (de la Motte, s. d.)
Les aménagements agroécologiques tels que les bandes en bord de champ, contribuent à réduire l’érosion du sol, préservant ainsi sa fertilité. Par exemple, la plantation stratégique d’arbres le long de ces bandes peut non seulement protéger le sol contre l’érosion due au vent et à l’eau, mais également favoriser la biodiversité en créant des habitats favorables à diverses espèces. (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
Les aménagements agroécologiques tels que les haies ou les arbres jouent un rôle crucial sur le cycle de l’eau au sein des écosystèmes. Grâce à leur système racinaire, elles captent une portion des eaux de pluie et favorisent aussi l’infiltration de l’eau dans les sols et prévient le ruissellement excessif. (Les services écosystémiques en Wallonie, s.d.)
L’introduction d’un indicateur sur les aménagements agroécologiques dans DECiDE répond à la nécessité d’élargir l’analyse environnementale au-delà des émissions de gaz à effet de serre, d’ammoniac et de la consommation d’énergies évaluées par la méthode d’analyse de cycle de vie (ACV). Ces nouveaux indicateurs environnementaux visent donc à établir des liens plus complets entre les pratiques agricoles et les impacts environnementaux. Cette approche permet d’obtenir une interprétation plus exhaustive des performances environnementales des exploitations agricoles wallonnes.
En effet, l’impact direct des aménagements agroécologiques sur les bilans de gaz à effet de serre peut sembler limité. Par exemple l’implantation de 1 000 mètres de haies entraine une diminution de seulement 1,1 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau de l’exploitation*. Cependant, cette réduction ne reflète pas pleinement les bénéfices étendus de ces infrastructures, notamment en termes de biodiversité, de régulation des écosystèmes, et d’adaptation au changement climatique. * sur les 191 fermes de référence présentent dans DECiDE V5.0, 2024.
Dans DECiDE, l’indicateur aménagements agroécologiques relativise l’importance de ces infrastructures, exprimées en ha par rapport à la surface agricole utile totale (SAU).
\[\text{aménagements agroécologiques (%)} = { \text{Total des aménagements agroécologiques convertis en ha SAU (ha)} \over \text{SAU (ha)} } {\times\text{100}}\]
Pour certaines structures telles que les arbres, les haies, etc., il est préalablement nécessaire de les convertir en hectares (voir tableau 1).
Tableau 1 : coefficient de conversion des aménagements agroécologiques en hectares environnementaux (de la Motte et al., 2023).
| Facteur de conversion en hectares environnementaux |
|---|
| 1 Arbre = 0,003 ha |
| 1 m de Haie = 0,001 ha |
| 1 Arbuste = 0,001 ha |
| 1 Mare = 0,02 ha |
| 1 m de Fosse = 0,0005 ha |
Cet indicateur permet d'évaluer la proportion des aménagements agroécologiques par rapport à la surface totale de l'exploitation. Plus la valeur de l'indicateur est importante, plus la part des aménagements agroécologiques est significative dans l'exploitation. Une valeur dépassant 100 peut se produire dans des exploitations où la somme des aménagements agroécologiques (y compris la conversion de certaines structures) est supérieure à la surface agricole utile (SAU). À l'inverse, un résultat approchant 0% indiquera qu'il y a peu d’ aménagements agroécologiques par rapport à la surface totale de l'exploitation. Pour donner un ordre de grandeur, dans les zones de grandes cultures, une exploitation répond au besoin à partir de 7% de la SAU complété par des aménagements agroécologiques et à partir de 15% pour les surfaces de prairies. (de la Motte et al., 2023)
Afin d’évaluer l’impact et la suffisance des aménagements agroécologiques sur l’exploitation, une première étape de contrôle repose sur l’examen de la conformité à la conditionnalité BCAE8 suivi d’une inspection détaillée des infrastructures conformément à un cahier des charges spécifiques.
Cette vérification peut être effectuée avec l’outil Pyramide, un outil ciblant la biodiversité. Cet outil offre une approche plus approfondie de la biodiversité, notamment en prenant en compte les aménagements agroécologiques.